La "vieille" école
Dans les années 1930, BUZET comptait quatre écoles publiques. L’école maternelle était située dans l’actuelle salle de la Bibliothèque. L’école élémentaire de filles se trouvait dans la salle qui accueille aujourd’hui l’association des Cheveux d’argent, face à la bibliothèque. L’école élémentaire de garçons occupait la place de l’actuel hôtel de ville. Une quatrième école élémentaire, mixte celle-là, existait aux LUQUETS destinée, en principe, aux enfants de la « campagne ». Cependant, rien n’obligeait les parents de ceux-ci à les mettre là, notamment s’ils estimaient supérieures les compétences de l’instituteur ou de l’institutrice du centre-village. Car, bien évidemment en ce centre-village, un instituteur faisait la classe aux garçons et une institutrice aux filles.
Ecole de BUZET, "avant"...
Un peu d'histoire
Entre 1927 et 1930, Fernand VAYSSE a fait son école maternelle à BUZET puis, entre 1930 et 1937, l’école élémentaire de garçons l’a accueilli. J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec ce monsieur sur cette époque et il a su redonner vie à ces murs qui en ont tant vu, à ce BUZET du temps jadis, dans cette FRANCE de la IIIème République, où les chefs de l’Etat furent successivement Gaston DOUMERGUE, Paul DOUMER, Albert LEBRUN, FRANCE où s’illustrèrent à la tête du Gouvernement, alors le centre du Pouvoir, Raymond POINCARE, Aristide BRIAND, Edouard HERRIOT, Edouard DALADIER ou Léon BLUM, FRANCE dont l’Empire s’étendait sur une bonne partie de l’Afrique et de l’Asie, FRANCE que frappait de plein fouet le « krach » de Wall Street, FRANCE où les « Ligues » d’extrême-droite menacèrent, un temps, de renverser la République, FRANCE d’où l’on voyait grossir les ombres inquiétantes de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste. Mais FRANCE, aussi, où Jean GABIN, RAIMU, FERNANDEL, Harry BAUR, Louis JOUVET Ginette LECLERC ou Danielle DARRIEUX enchantaient les spectateurs de cinéma, FRANCE que faisaient fredonner ou siffloter DAMIA, FREHEL, Maurice CHEVALIER, Lucienne BOYER OUVRARD, Tino ROSSI, Rina KETTY ou Charles TRENET, FRANCE des tractions avant, FRANCE des premières radios, FRANCE et caetera.
Une visite guidée
Dans l'ancienne salle du Conseil, lieu, également, où l’on procédait aux mariages, la classe était divisée en deux parties : à gauche, les Cours élémentaires et Cours moyens première année, à droite, les Cours moyens deuxième année et ce qu’on appelait alors « Cours supérieurs », destinés à préparer au Certificat d’études en deux ans. Ce diplôme, fierté de tous ceux qui l’obtenaient, marquait également la fin de la scolarité obligatoire. Pour beaucoup, il signifiait aussi le début de la vie active, dès douze ou treize ans. Au bout de l’unique salle étaient plantées, au sol, l’estrade de l’unique maître et, au mur, les portemanteaux. Au plafond, courait un tuyau, qui plongeait dans un énorme poêle, situé à l’entrée. L’hiver, ce poêle était le centre d’une « popote » improvisée « entre midi et deux », en ces temps où nulle cantine n’était proposée aux enfants. Les élèves y rassemblaient leurs gamelles de soupe, agrémentées généralement d’un « salé », porc, oie ou canard. Le reste de l’année, la soupe était froide, précédant cependant, en toute époque, la dégustation des fruits de saison, noix, châtaignes ou pommes pour l’essentiel.
Photo de la classe de M. SALUT (1931)
Toujours M. SALUT...
Je vous parle d'un temps
Du 1er octobre à la fin juillet, avec seulement quinze jours d’interruption à Noël et à Pâques, chaque matin de la semaine, samedi compris, mais pas le jeudi, ni, évidemment, le dimanche, la trentaine d’enfants arrivait dans le petit matin. Certains venaient de loin, le plus souvent à pied pour nombre de fils de métayers, en sabots lorsque le froid tombait. Seuls les enfants des plus aisés avaient un vélo… et des chaussures.
A l’heure, toujours, le maître, M. SALUT, rigueur et autorité (plus qu’autoritarisme), tapait dans ses mains. Aussitôt, les élèves se mettaient en rang, silencieusement. Ils pénétraient alors dans l’enceinte de ce petit temple républicain où ils travaillaient en tabliers noirs. Le rituel de rentrée était le même à l’issue de chacune des deux récréations de la journée, chronométrées à dix minutes. Immanquablement, les lundis et mercredis débutaient par la leçon d’instruction morale, un quart d’heure, les mardis et vendredis par l’instruction civique, un quart d’heure. Ainsi l’instituteur proposait-il aux élèves de commenter une citation ou une situation, par lesquelles on apprenait le respect des parents, des maîtres, du pays, l’ordre, le travail, le soin, l’attention, la politesse… Quant au samedi, il était consacré aux ravages de l’alcoolisme, l’enseignant prenant alors soin de ponctuer sa leçon par des mots, des phrases, écrits au tableau à l’encre rouge.
En classe !
Le reste des journées, l’instituteur procédait aux cours de français, de mathématiques, d’histoire, de géographie ou à la « leçon de choses », prolongeant alors les premiers quarts-d’heure de la journée en rappelant les enfants à la discipline, à la régularité et à l’excellence par une baguette de bambou.
Et tandis que le maître faisait la classe à ceux de gauche, ceux de droite étaient astreints à des exercices, et vice-et-versa. Gare à ceux qui faillaient à la discipline, retenus qu’ils étaient après les cours, à cinq heures, et contraints d’exécuter des « lignes » ! Gare aussi à ceux qui apprenaient mal, obligés de venir faire dictées ou exercices de mathématiques certaines matinées du jeudi, pendant que les « bons » goûtaient ce repos « bien mérité » du milieu de semaine ! Ce jour-là d’ailleurs, mais exclusivement au dernier trimestre, les « faibles » pouvaient côtoyer ceux que le maître avait choisi de présenter au certificat d’études, « entraînés » tels des sportifs de l’esprit. Et le jour J, il n'était pas rare que les heureux élus soient accompagnés à la "ville" (TOULOUSE) par le Maire lui-même.
Une fin d'année bien méritée...
A la fin de l’année, cependant, tous étaient réunis pour la cérémonie de « distribution des prix », qui consistaient en des livres. Chacun y avait droit, simplement par ordre de mérite. Ainsi le premier avait-il un choix total dans la pile d’ouvrages et ce choix se restreignait jusqu’au dernier des élèves et au dernier des livres. Mais le maître avait sélectionné chacun des titres et avait veillé à ce que tous soient « instructifs ». Alors, revenaient souvent Victor HUGO, Alexandre DUMAS, Jules VERNE ou Pierre LOTI Cet « événement » était présidé par « monsieur le maire, l’un des trois « notables » du village, avec « monsieur l’instituteur », ou « madame l’institutrice », et « monsieur le curé », « notables » devant lesquels on ôtait toujours son chapeau... puisqu’on avait appris à l’école le respect de l’autorité.
La classe de M. MIQUEL, instituteur successeur de M. SALUT.
Fin des années 1950, autour de mademoiselle Jeanne ALCOUFFE: une "promotion" qui compte deux futurs Maires de BUZET: Jean-Michel FAURE et Jean-Claude CARRIE... A vous de les reconnaître...