Jean-Pierre DECAVELE : un point d'orgue(s) ?
Aux élections municipales de 1965, retentit sur BUZET un coup de tonnerre politique :
Joseph CONSTANS. Maire depuis 1947, est battu! Lassitude des habitants, dira-t-on, ou excellente campagne de son adversaire, qui aurait su incarner le renouveau, le dynamisme, saupoudrés d'une certaine éloquence, quoiqu'un peu hautaine aux yeux de certains. Le premier magistrat de la Commune s'appelle désormais Jean-Pierre DECAVELE. Commercial dans l'aluminium, il est, depuis LACASSAGNE, le premier Maire venu de l'extérieur, un "étranger" pour les plus réticents, qui a acheté une maison sur BUZET, il n'y a pas si longtemps.
Passionné d'orgues, d'abord, orgues dont il joue en la Basilique SAINT-SERNIN, à TOULOUSE, et d'architecture, aussi, il va tout de suite tourner son regard vers l'église, dont la rénovation lui semble indispensable.
Les éléments vont l'y aider. Tuiles et briques érodées par les intempéries ou les coups de bec des pigeons, foudre, et puis, finalement, le toit du clocher qui s'écroule, DECAVELE met alors tous ses talents de persuasion pour partir à la "chasse" aux subventions auprès du Conseil général, de la Préfecture, du Ministère. Les Buzétois n'auront pas à mettre la main à la poche, promet-il. Et il tiendra sa parole. Bientôt, mais sur plus de vingt ans, l'église paraîtra comme neuve, ornée d'un paratonnerre qui plus est. Sa déception? On ne pourra malheureusement pas ressusciter les orgues, régulièrement visitées, pourtant par le grand ami du Maire, Xavier DARASSE, un des plus grands organistes du XXème siècle, élève d'Olivier MESSIAEN, futur Directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique, mais à la virtuosité foudroyée par un accident de voiture qui lui avait arraché un bras. Parallèlement, DECAVELE réussit un autre "coup financier" quand il décide de parsemer le village de lanternes rustiques.
Sitôt installé à la Mairie, DECAVELE constate aussi que celle-ci est bien peu "fonctionnelle", obligeant notamment l'administré à "grimper" de nombreuses marches, qui deviennent des épreuves sportives pour toute personne qui n'est pas alerte. Situé alors au-dessus de la Halle, l'hôtel de ville doit être transféré à l'ancienne école de garçons, derrière le monument aux morts. Coup double, d'ailleurs: car, si l'école de garçons est "ancienne", ceci signifie qu'on l'a elle-même transférée: le nouveau groupe scolaire "Arc-en-Ciel" est préalablement construit, sur le terrain avant le château d'eau. Est encore décidé, à côtés de l'école, de faire un terrain de sports, permettant à terme, de pratiquer football, tennis ou autres activités. Un tracé est aussi demandé, au lieu-dit "RIBATEL", pour y implanter une zone industrielle. Enfin, une partie de la zone rurale à l'est de BUZET, qui n'avait pas encore l'électricité, est relié à la "lumière" et le ramassage des ordures, de partiel, devient total.

D'après une caricature de Jean-Pierre DECAVELE
Au milieu de cette profusion de décisions, il en est pourtant une que retiendront le plus beaucoup de Buzétois, agriculteurs d'abord, nombreux sur la Commune, et, au-delà, amoureux des paysages anciens du village: c'est le "Remembrement". Cette politique, menée conjointement par l'Etat (le "Génie rural") et le Conseil municipal, entamée par CONSTANS, mais assumée par DECAVELE, part du principe que la terre est trop morcelée pour pouvoir faire face à une concurrence de plus en plus rude des grosses exploitations, voire de l'étranger. Il faut donc "regrouper", parfois à l'amiable, et même le plus souvent, parfois pas, lointain écho d'un temps où Bernard LACASSAGNE avait dû convaincre certains propriétaires de céder leurs terrains pour laisser passer le train. Certains petits agriculteurs finiront par partir, sur BESSIERES, VILLEMUR ou TOULOUSE, travailler en usine ou, pour les plus argentés, monter un commerce. A BUZET comme ailleurs, l'agriculture devient une industrie, les paysans de véritables chefs d'entreprise, stratèges du maïs qui érigent de gigantesques séchoirs aériens, ou experts en vaches laitières ou animaux de boucherie.
Ce Remembrement modifie le paysage et redessine la voirie. Le 7 juillet 1969, le Préfet crée l'Association Foncière, chargée d'assurer la gestion et l'entretien des chemins et surtout des fossés, qui recueillent les eaux pluviales des bords des routes ou des maisons environnantes, en sus de payer les impôts et les charges au Trésor.
Sur une lancée qu'il croit irrésistible, Jean-Pierre DECAVELE se présentera même aux élections cantonales, mais échouera de peu. Aux dires des uns, cet homme, marqué à "droite", paierait là cette "sensibilité", dans un Département nettement à gauche. Aux dires des autres, il aurait manqué les voix de BESSIERES, la rivale de toujours...
Durant les années DECAVELE, BUZET va encore assister à un évènement singulier: en 1970 en effet, le Maire va accepter la demande d'installation d'une ménagerie dans la forêt. Celle-ci sera dirigée par une ancienne dompteuse à la réputation mondiale.

A la Mairie de BUZET, Jean-Pierre DECAVELE, à droite avec les lunettes, reçoit Pierre BAUDIS, Maire de TOULOUSE. Au centre, on reconnaît Marc ROUQUIE