Avec le vieux pont –et ses « piles »-, la tour de l’église –et, en son sommet, le « clocher »- constitue le seul vestige du BUZET médiéval.
Il semble qu’il y ait eu deux églises à BUZET, au moins... mais en un même endroit.
En effet, une église sur BUZET est citée dans un cartulaire (répertoire des biens de l’époque) de l’Abbaye de SAINT-SERNIN en 1198.
Les chartes (actes juridiques) de « LUDOVICUS IX SANCTUS » (LOUIS IX, dit « SAINT-LOUIS ») mentionnent l’église de BUZET dès 1238.
Et pourtant le Dictionnaire Topographique des Archives Départementales de la HAUTE-GARONNE (ADHG) consigne qu' « une église actuelle commencée au XIIIème siècle (1240) par RAYMOND VII fut achevée après la réunion du Comté à la Couronne », car BUZET, dans un premier temps propriété du Seigneur de TOULOUSE, tombera entre les mains du Roi, PHILIPPE III le hardi, en 1271, quand ce Seigneur mourra sans descendance (c'est la procédure du "saisimentum").
On peut également lire qu’une église fut bâtie au temps des guerres civiles et religieuses, au XVIème siècle par conséquent puisque, en 1533, le Parlement de TOULOUSE ordonna « d’achever la construction de l’église paroissiale de BUZET ».
Toujours est-il que le choix de dédier l’église à MARTIN date du XIVème siècle
Il ressort de tout ceci que, sans doute, une première église existait dès la fin du XIIème siècle, sans doute consolidée, étoffée par RAYMOND VII au milieu du XIIIème siècle, avant d’être en partie détruite par les guerres du XVIème siècle et rebâtie autour de la tour de guet originelle.
Durant la Révolution, l'Eglise subit quelques dommages (la "chaire de vérité", quelques statues ou murs sont martelés ou piquetés), mais, bientôt, la Monarchie, restaurée, puis la République, veulent protéger les ouvrages empreints d'histoire. Est créée l'Inspection des Monuments historiques, qui "classe" et "inscrit" les éléments du patrimoine, dignes donc d'être protégés (ils sont, par exemple, interdits à la vente, les travaux y sont impossibles sans l'accord du Ministère, et ces travaux sont plus ou moins défiscalisés). L'église Saint-MARTIN sera ainsi inscrite au Répertoire des Monuments historiques depuis un arrêté du 23 décembre 1926.
Dès le XIXème siècle, l’église sera au cœur d’une importante entreprise de rénovation. Si le temps a accompli son œuvre et qu’il faut réparer les outrages faits aux ouvrages, il s’agit aussi, à cette époque, de reconquérir des fidèles, un temps détournés par les idées laïques, notamment d’une certaine République.
Au XXème siècle, on rénove aussi, mais pour des raisons différentes. Les querelles sur la religion apaisées, on voit de plus en plus les églises et autres bâtiments religieux comme du « patrimoine », en plus de la nécessité, pour les Maires, qui leur est faite d’assurer la « sécurité publique ». Ainsi, Jean-Pierre DECAVELE, Maire de BUZET entre 1965 et 1977, doit-il faire face à l’effondrement de la couverture et de la corniche du clocher, à des chutes régulières de briques, quand, parallèlement, la façade est dévorée par la végétation et lorsque, finalement, la foudre vient frapper le clocher en 1966. Après une longue et fructueuse « chasse aux subventions », ce sont finalement le Conseil général et les Monuments Historiques qui aident aux financements. Les travaux commencent en 1967 et dureront jusqu’au début des années 1990, suivis par les successeurs de DECAVELE à la Mairie : Maurice THIARD, Jacques DORSENE et Jean-Michel FAURÉ.
La publicité autour de la rénovation de cette vénérable église a-t-elle eu cet effet pervers d'attirer les viles convoitises? Toujours est-il qu'en 1983, on retrouve fracturée la porte de derrière le monument. Ont été dérobés, rapporte Marc ROUQUIÉ, "deux chandeliers de bronze" et "un ciboire en plaqué or, très finement ouvragé, incrusté de pierres précieuses, qui ne servait que pour les grandes fêtes religieuses". Les malfaiteurs ont également tenté de subtiliser la grande statue en bois de la "Vierge à l'enfant", mais sans succès. Ont-ils été interrompus? Mystère, comme celui, à jamais sans doute, de leur identité.